Le Jeûne – Partie II : quelles précautions prendre avant de se lancer?

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Le jeûne peut être pratiqué pour de multiple raisons: visée thérapeutique, dans le cadre d’une pratique religieuse ou spirituelle, dans une recherche de bien-être. Cette pratique peut avoir des effets bénéfiques sur la santé mais n’est pas sans risques.

Vous souhaitez entreprendre un jeûne ? Quelles sont les précautions à prendre avant de se lancer ?

En tant que diététicienne, on me pose souvent des questions sur cette pratique. Je vous propose donc une revue des connaissances actuelles sur le sujet en deux parties.

Je vous invite donc, si vous ne l’avez pas fait, à lire la première partie :

http://occitanie-dietetique.fr/effets-du-jeune-sur-la-sante

Les recommandations données dans cet articles s’appuient sur celles de l’Inserm et de l’Anses. Elles peuvent varier selon les cures de jeûne pratiquées.

Quels sont les risques de la pratique du jeûne?

Le jeûne , comme tout régime très hypocalorique, expose aux risques suivants:

  • malaise vagal ou hypoglycémique s’il est associé à une activité physique
  • anémie
  • inflammations et fibroses modérées hépatiques, calculs biliaires
  • libération de polluants organiques par la perte de poids pouvant provoquer des dysfonctionnements métaboliques, endocriniens, reproducteurs, immunitaires, troubles du développement, cancers
  • atteinte du capital osseux
  • mort subite par trouble du rythme cardiaque dû à une hypokaliémie

Chez la femme sportive, un déficit énergétique et des troubles du cycle menstruel ont été observé avec aménorrhée (absence de règle), carence œstrogénique et perte osseuse.

Contre-indications au jeûne

Le jeûne est contre-indiqué dans les cas suivants:

  • Enfants et adolescents
  • Grossesse et allaitement
  • Carences nutritionnelles
  • Troubles du comportement alimentaire
  • Cachexie (amaigrissement et fatigue généralisée lié à une maladie ou sous-alimentation)
  • Hyperthyroïdie décompensée
  • Insuffisance cérébrovasculaire avancée
  • Démence
  • Insuffisance hépatique ou rénale avancée
  • Sclérose en plaque
  • Tuberculose
  • Etats pré et post chirurgicaux
  • Epilepsie
  • Présence d’un stimulateur cardiaque
  • Greffe d’organe

Selon les organismes qui proposent des cures de jeûne, les contre-indications peuvent être différentes. Cette liste et celles concernant les traitements incompatibles et les examens recommandés sont basées sur les recommandations faites par l’association médicale allemande Jeûne et Nutrition.

Traitements incompatibles avec le jeûne

Certains traitements peuvent être incompatibles avec la pratique du jeûne tels que:

  • les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens)
  • les corticostéroïdes systémiques
  • les antihypertenseurs (bêtabloquants et diurétiques)
  • les antidiabétiques
  • les anticoagulants
  • les psychotropes et les antiépileptiques
  • certains contraceptifs

Examens recommandés avant et pendant le jeûne

Le but de cet article n’est pas d’effrayer mais d’informer des risques de la pratique du jeûne. Il est conseillé de le pratiquer encadré médicalement afin d’éviter tout danger.

Il est recommandé de bénéficier des examens suivants afin de contrôler l’évolution des marqueurs biologiques : anamnèse, examen clinique complet, état neurologique et psychologique, NFS, ioinogramme sanguin, fonction rénale et hépatique, acide urique, TSH, pression artérielle, fréquence cardiaque et ECG si besoin.

Réactions pouvant être observées au cours d’un jeûne

Au cours du jeûne, le corps privé de source d’énergie par l’alimentation doit modifier son métabolisme.

Les premiers jours (de 1 à 3-5 jours), on observe un épuisement des stocks de glucose, première source d’énergie des cellules. Les stocks de glucose étant insuffisants, le corps utilise ses réserves de protéines pour produire de l’énergie : c’est la phase protéique.

A l’approche du 5e jour, les réserves de graisse sont sollicitées afin de ne pas épuiser les réserves de protéines et maintenir la masse musculaire. C’est la phase cétonique. Ces changements métaboliques provoquent une libération de corps cétoniques provoquant une acidose (acidification de l’organisme).

Cette adaptation organique a lieu principalement au cours des trois à cinq premiers jours de jeûne et peut provoquer les symptômes suivants: hypoglycémie légère, maux de tête, migraines, lumbago aigu, crampes musculaires, vivions floues, modifications du sommeil, troubles de la circulation, perturbations électrolytiques, rétention hydrique.

Ces symptômes sont généralement transitoires et sont suivis d’un effet calmant et stimulant au bout de la première semaine. Le stress s’auto-régule, les fonctions cardiovasculaires, respiratoires et digestives diminuent leur activité.

Certains symptômes nécessitent toutefois l’arrêt du jeûne, à savoir : non compliance, troubles du rythme cardiaque, troubles gastro-intestinaux réfractaires, perturbations électrolytiques importantes, diminution des constantes cardiovasculaires sur au moins deux jours.

La phase de réalimentation doit également se faire de façon progressive et si possible encadrée afin de ne pas provoquer de stress.

Où pratiquer un jeûne?

La pratique du jeûne n’est pas anodine, il est important de s’assurer d’avoir un état de santé adéquat. Il est recommandé d’être encadré par une équipe médicale. La clinique Buchinger en Allemagne est spécialisée dans la pratique du jeûne à visée thérapeutique. Actuellement, en France ce type d’établissement n’existe pas encore.

Certaines associations françaises proposent des stages de jeûnes supervisés par des médecins comme par exemple l’association Kousmine qui propose un stage « Santé par le jeûne ».

Important : Veillez à vous renseigner sur l’équipe d’intervenants qui accompagnent ces stages et les examens médicaux proposés.

L’association Jeûne et randonnée propose sur son site une liste de médecins utilisant le jeûne en France: https://jeune-et-randonnee.pagesperso-orange.fr/medecins.

Conclusion

La pratique du jeûne dans un but thérapeutique, religieux , spirituel ou en quête de bien-être doit avant tout faire l’objet d’un cheminement personnel. Peu d’études ont été réalisées au sujet de ses vertus thérapeutiques, certains résultats sont encourageant mais ne peuvent être validée pour le moment.

Bien que pour certains, cette pratique apporte de réelles sensations de bien-être, il ne faut pas en négliger les risques pour la santé. Avant de vous lancer, je vous recommande fortement de demander l’avis de votre médecin. Choisissez de préférence des cures encadrées par une équipe médicalisée. Un soutien psychologique peut être nécessaire notamment durant la phase d’acidose qui se révèle être la plus difficile.

Le Jeûne – Partie I : Quels sont ses effets sur la santé?

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